Les conséquences d’une sexualité sans sentiment
Written by Espoir Radio on 27 mai 2016
Imaginez que vous avez faim et que j’ai un bol de fraises fraîches, rouges et mûres. Je vous tends le bol, vous prenez une fraise et vous la mangez. Le nectar juteux taquine vos papilles. Les fraises sont-elles sucrées ? Oh, oui. Elles sont merveilleuses !
Mais imaginons que j’ai un autre bol, cette fois de M&M’s. « Allez-y, prenez un M&M’s ». Vous en prenez un, puis un autre, puis encore un autre… vous êtes au paradis des M&M’s !
Et au moment où vous savourez le dernier M&M’s, je vous dis : « Prenez maintenant à nouveau une fraise ». Vous la mettez dans la bouche, mais… Qu’est-ce qu’il se passe ?
Non seulement la fraise n’est plus sucrée, mais elle peut même être acidulée ou aigre. Toutefois, ce ne sont pas les fraises qui ont changé, elles ont toujours ce nectar juteux, elles ont toujours leur sucre naturel. Les fraises sont encore sucrées, mais c’est vous qui avez modifié vos papilles gustatives de telle sorte que vous ne pouvez plus en apprécier la douceur.
Avoir des relations sexuelles sans sentiments
L’an dernier, le magazine Time a rapporté que la Chambre des représentants de la Floride avait approuvé la décision de déclarer la pornographie comme un risque pour la santé. Selon le rapport de la Chambre, certaines recherches montrent « une corrélation entre l’utilisation de la pornographie et les maladies mentales et physiques, les difficultés d’établir et de maintenir des relations intimes, le développement malsain des fonctions cognitives et la naissance de comportements sexuels déviants, problématiques ou dangereux ».
Vraiment ? Regarder des images produit des « maladies mentales et physiques » et toute cette liste d’autres effets négatifs au niveau relationnel, comportemental et neurologique ? Oui, apparemment oui. Tout cela est le résultat d’une mauvaise gestion du plaisir.
Un article de Scott Christian, publié dans la revue GQ, sur l’utilisation de la pornographie chez les jeunes, parle « d’une préoccupation croissante qui commence à affecter notre cerveau, nos relations et même notre corps ». Il souligne en particulier que l’excitation neurologique et physiologique d’un utilisateur régulier de pornographie est susceptible de diminuer avec le temps. C’est surprenant : des jeunes vigoureux risquent de devenir impuissants, et cela à cause de la pornographie.
En 2015, Vanity Fair a publié un article au titre provocateur : « Tinder et la fin des rencards ». L’article nous informe qu’en raison de l’augmentation des applications de rencontres comme Tinder, les choses ont changé dans les lieux où les jeunes se rencontrent le soir, comme les bars, les pubs et autres : « Tout le monde boit, les yeux fixés sur l’écran, en faisant défiler le visage d’étrangers avec qui ils voudraient ou non avoir des rapports sexuels le soir-même ».
C’est ce qu’une jeune fille, Amanda, a admis à un journaliste de la revue : « Il n’y a pas de rendez-vous, avoir une relation est rare de nos jours. On peut vivre une aventure de sept ou huit mois sans jamais appeler l’autre ‘mon petit ami’. Séduire quelqu’un est beaucoup plus facile. Personne n’en ressort blessé, du moins pas à l’extérieur ».
Je pense qu’Amanda est un peu triste. Mais elle essaie d’être forte, confrontée à la réalité de la société contemporaine. Elle dit que les gens, surtout les femmes, sont blessés par cette nouvelle typologie de rencontre, tout en continuant à prétendre d’aller bien.
Le sexe sans amour finit par tuer la dimension émotionnelle de l’amour chez l’être humain. Je ne fais pas cette affirmation en tant que pasteur ou théologien, mais d’un point de vue purement scientifique et séculier. Le monde entier observe l’évolution de la sexualité humaine et dit : « Quelque chose s’est perdu dans le processus de tout ce ‘sexe sans sentiment’ ».
Peu avant sa mort en 2014, le célèbre acteur Philip Seymour Hoffman a dit quelque chose de très profond : « Je peux affirmer que le plaisir ne correspond pas au bonheur. Je tue le plaisir, j’en prends trop et je finis par le rendre désagréable… Il n’y a pas de plaisir qui n’ait pas fini par me rendre malade ».
S’il est possible de vivre une expérience physiologique où la fraise n’est plus si sucrée, est-il possible de gérer la consommation de plaisir de manière à diminuer progressivement sa capacité à éprouver du plaisir ?
« Ils ont perdu tout sens moral et se sont livrés à la débauche pour commettre avec avidité toutes sortes d’impuretés » a écrit l’apôtre Paul (Éphésiens 4.19). « Ils ont perdu tout sens moral », probablement l’un des versets les plus effrayants de la Bible. Parce qu’une fois qu’on a « perdu tout sens moral », on n’a plus conscience d’où l’on est.
Les bases du plaisir
C’est ainsi que fonctionne la physiologie du plaisir. La dopamine est parfois appelée « molécule du plaisir », la substance chimique qui produit la joie du plaisir physique dans le cerveau et à travers le corps. Et puis il y a l’ocytocine, « l’hormone de l’amour », le « produit chimique des câlins » ou la « molécule morale ». On l’appelle la molécule morale parce que l’ocytocine ne veut pas seulement ce que la dopamine a à offrir. L’ocytocine veut être « mariée » à la dopamine, pour ainsi dire. Parce que, comme on le voit dans le domaine de la séduction, le plaisir sans lien tue progressivement la capacité à éprouver du plaisir.
C’est ce que nous dit l’auteur C. S. Lewis sur la vie : « Le péché est un désir toujours plus croissant d’un plaisir toujours plus petit ». Le péché, c’est vouloir quatre M&M’s de plus. Et encore et encore, jusqu’à l’apogée du plaisir pour ensuite se précipiter vers l’enfer.
Et cela vaut également pour le domaine de la sexualité. Parce que chaque fois que vous essayez de gérer votre sexualité en dehors des limites de la confiance, de la loyauté, de l’engagement et du lien, vous nuisez à votre propre capacité à ressentir du plaisir, en changeant fondamentalement votre physiologie et votre psychologie jusqu’à arriver, comme le disait l’apôtre Paul, à perdre « tout sens moral ».
Nous, surtout dans le monde occidental, nous jouons avec le feu, sexuellement parlant. Scarlett Johansson, Will Smith, Jada Pinkett-Smith, Ethan Hawke, Shailene Woodley : ce sont tous des acteurs et actrices d’Hollywood que les gens admirent. Ces personnalités se déclarent tous être des « omnivores sexuels », c’est-à-dire en quête de relations « ouvertes ».
L’une de leurs sources les plus influentes est le Dr Christopher Ryan qui, avec son épouse, a écrit un livre intitulé « Sex at Dawn ». Dans ce livre, il dit que la théorie de l’évolution affirme que les êtres humains sont essentiellement des omnivores sexuels, donc on ne peut pas s’attendre à ce qu’un être humain soit loyal ou fidèle. La sexualité est une pulsion animale qui doit être satisfaite. Les hommes rôdent sur la planète à la recherche de la personne qui possède les traits génétiques adéquats pour se reproduire. Cela n’a rien à voir avec des idées démodées comme l’amour, la confiance et la loyauté… Oublions tout cela, il n’y a rien de vrai.
Nous assistons à un processus dans lequel les êtres humains court-circuitent leur capacité à comprendre où le sexe pourrait mener. Parce que le sexe se transcende lui-même en désignant l’amour, l’engagement et la confiance. Comme G.K. Chesterton, écrivain et philosophe, l’a dit : « Tout homme qui frappe à la porte d’un sex shop cherche Dieu. Cet homme ne le sait peut-être pas à ce moment-là, mais il cherche une qualité d’amour qui ne trouve pas sa place dans le monde actuel, une qualité parfaitement satisfaisante ».
Saint hédonisme
Il y a un fil conducteur dans le récit biblique. Cela commence avec la création : Dieu a créé l’être humain, homme et femme, avec la capacité émotionnelle, mentale et biologique du plaisir. Il a placé Adam et Ève dans un jardin où il y avait « des arbres de toute sorte, agréables à voir et porteurs de fruits bons à manger » (Genèse 2.9) et il leur dit « Reproduisez-vous, devenez nombreux » (Genèse 1.28). Un homme et une femme dans un jardin, nus et faisant des bébés, quelle image !
Dieu a créé l’homme dans un lieu parfaitement centré sur le plaisir.
La sexualité humaine est célébrée dans la Bible comme une source de bonheur relationnel. Parmi tous les récits de dysfonctionnement et de traumatisme qui suivent la naissance du péché, la Bible nous fournit des images de la sexualité humaine comme elle était censée être.
Le Cantique des Cantiques, par exemple, chapitre après chapitre, célèbre l’érotisme, arrivant à atteindre l’apogée théologique du livre : « Fais de moi comme une empreinte sur ton cœur, comme une empreinte sur ton bras, car l’amour est aussi fort que la mort, la passion est aussi inflexible que le séjour des morts. Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de l’Éternel » (Cantique des Cantiques 8.6).
Ce que les deux amants se disent dans ce livre peut se résumer essentiellement comme suit : scellons cette relation. Faisons-en sorte que tout notre corps et tout notre esprit s’engagent l’un envers l’autre dans un engagement scellé et irrévocable.
On parle ici d’une passion ardente, d’une connexion entre le Créateur et la création. Dieu est celui qui nous a faits tels que nous sommes et le Cantique des Cantiques nous dit que le sexe, dans sa plus haute expression, est une occasion de comprendre l’amour de Dieu.
Dieu est pour les fraises, le plaisir, le sexe, la famille et l’amour. C’est lui qui a inventé le sexe. Mais être en faveur du sexe sans être en faveur de l’amour n’est pas seulement nuisible, cela implique aussi de perdre quelque chose de très important. Dieu nous dit qu’il existe une sorte d’hédonisme sacré, un plaisir global (psychologique, émotionnel, biologique, familial), tous unis par un lien relationnel. Et l’évangile est, en partie, le processus par lequel Dieu rachète le plaisir, le restaurant à son état légitime.
Dans son expression la plus élevée, le sexe est loyal, digne de confiance et monogame. C’est beau, c’est un engagement et c’est pour la vie. Vous et moi, nous sommes des créatures à l’image divine, avec la capacité d’aimer comme Dieu aime. Et Il rachètera notre capacité à ressentir du plaisir, nous conduisant à des voies et des modèles d’amour qui sont hors de ce monde.
De Ty Gibson, co-directeur et conférencier de Light Bearers (lightbearers.org) et pasteur de l’église d’Eugene, Oregon, où il vit avec sa famille. Avec la permission de l’auteur, cet article a été adapté d’une conférence tenue en Australie.
Source : https://www.messagemagazine.com/articles/swim-scared/
Traduction : Tiziana Calà